
Le canal de la Garonne à Agen
Patrick Clermont Commentaires 4 commentaires
Le canal à Agen vue du coteau de l’Hermitage©photo Patrick Clermont[/caption]
Avec l’augmentation du tonnage des navires au XIXe siècle, la circulation des gros bateaux devient difficile pour remonter l a Garonne au delà de son estuaire la Gironde. La durée du trajet Agen-Bordeaux est de 12 heures et celle de Bordeaux-Agen près de 24 heures. Il existe bien le canal des deux mer dont la construction conçue par Paul Riquet débute sous le règne de Louis XIV en 1667 et ouvert au trafic en 1682. Mais il relie Toulouse à Sète . La poursuite de la construction de la portion du canal du midi pour atteindre Bordeaux fut reportée faute de moyens. En effet Paul Riquet mourut ruiné quelques mois avant l ‘inauguration du canal des deux mers. Le projet du canal à Agen est ainsi enterré.
Au XIX siècle le projet de la construction d’un canal latéral à la Garonne voit le jour et provoque un enthousiasme général immédiat. En 1828 commence l’étude des travaux qui se termine en 1830.En 1832 l’Etat accorde une concession perpétuelle à la société Magendie qui ne respecte pas ses engagements. Après rupture du contrat et dédommagements, l’Etat confie le projet à l’ingénieur des Ponts et Chaussées Jean-Baptiste de Baudre nommé à Agen. La construction commence en divers endroits différents avec un budget de 40 millions de Francs. A partir de 1841 les crédits furent diminués en raison de la création du réseau ferroviaire mettant des ouvriers au chômage.


En 1844 le tronçon Toulouse -Montech est ouvert. Les travaux du tronçon vers l’atlantique reprennent en 1846 et s’achèvent en 1853 en amont de Buzet et en 1856 en aval. Le canal inauguré en mai 1856, relie Castet-en-Dorthe à Toulouse. Il est long de 193 km, profond de 2,20 m avec une différence de niveau de 128m sur tout le parcours. Il peut recevoir des bateaux de 20m de long et de 160 tonnes avec une vitesse maximale de 10km/h, avec le franchissement de 53 écluses.


Le canal latéral à la Garonne prélève l’eau dans la Garonne, au moyen de prises à Toulouse, à Moissac et à Agen. Le tracé est jalonné de 193 bornes kilométriques plus 1728 bornes hectométriques.

Au 19e siècle, le barrage de Beauregard, situé en amont d’Agen, a été construit pour alimenter le canal en eau. L’eau est prélevée et conduite indifféremment vers le fleuve où le canal. Le canal de descente à la Garonne servant à l’alimentation en eau du canal appelé le Canalet est situé au Passage d’Agen. Il faut dire aussi que l’eau transite entre chaque bief, par une rigole parallèle à chaque écluse. Cette alimentation fut définitivement abandonnée en 1967. Aujourd’hui le Canalet n’existe plus et le barrage de Beauregard est à l’abandon. Le canal est alimenté en eau en puisant dans la Garonne dès son départ de Toulouse. Le débit du fleuve pyrénéen permet aisément l’alimentation d’un canal, et c’est le canal de Brienne qui joue le rôle d’alimentation principale, captant ainsi l’eau en amont du seuil du Bazacle avec un débit moyen de 6m3/seconde. Une prise d’eau à Pommevic dans leTarn-et-Garonne capte l’eau en aval de Moissac avec un débit de 1 m3/seconde. Une prise d’eau à Brax en aval d’Agen complète ce dispositif avec un débit de 3.1 m3/seconde.



Le canal latéral à la Garonne est exploité dès sa mise en fonction par la compagnie des chemins de fer et du canal latéral qui était aussi propriétaire de la voie ferrée Bordeaux Sète. Cette situation de monopole fait que le canal n’eut jamais un trafic très important car le chemin de fer en capte l’essentiel. Le trafic sur le canal va rester marginal avec 25000 tonnes, alors qu’en 1889 elles ne dépassent pas 52 000 tonnes. A la fin du XIX et au début du XXe siècle un nouvel essor se produit. La compagnie de navigation ouvre en 1895 un service de Bateaux à vapeur Agen-Bordeaux, tandis que l’Etat rachète le monopole de la compagnie des chemins de fer du midi en 1898 Le trafic des marchandises transportés passe de 75000 tonnes en 1897 à 150 000 tonnes en 1903.



Pour le transport des voyageurs le canal est utilisé pour le trajet Bordeaux-Agen tandis que le trajet Agen-Bordeaux utilise la Garonne facilité par le courant descendant. La Guerre de 14-18 met en sommeil pour longtemps beaucoup de projets, tandis que le trafic chute de plus de 50% en 1925.

Le tracé du canal à Agen longe le coteau de l’Hermitage et est parallèle à la voie ferrée jusqu’a la Garonne qu’il traverse avec un pont canal. Le chemin longeant le canal est raccordé à la rue Saint Côme. En 1854, pendant la construction des voies de chemin de fer cette rue fut coupée en deux par le passage à niveau de Saint Comme qui disparu en 1912 avec le pont Picketty qui enjambe les voies. Les quais situés en aval du pont de Courpian jusqu’au pont de Picketty sont aménagés pour constituer un véritable port de marchandises.

Le nombre important de bateaux accostant tous les jours les obligent à se mettre en rang double. Un atelier de réparation et de construction est installé sur une des berges du bassin du canal longé par la route de Villeneuve près du pont de Gaillard, remplacé actuellement par le port de plaisance d’Agen.


Vers 1930, la disparition du halage à l’aide de chevaux est un progrès important pour le trafic. avec l’arrivée des bateaux à vapeurs avec leurs roues à aubes. A cette époque 300 bateaux se croisait sur le canal et dans les soutes on trouve des céréales, du vin, des matériaux de construction, du gravier, des engrais etc…En 1970 le canal se modernise et les écluses sont agrandies et automatisées, facilitant ainsi la navigation .

Mais concurrencé par la route le trafic faiblit et disparait pratiquement en 1980 pour avoir en 1990 un abandon définitif de la modernisation du canal. Seul demeure l’entretien du canal et de ses ouvrages.

Essentiellement marchande jusqu’aux années 1970, la navigation sur le canal de la Garonne est désormais plaisancière. Les bateaux de location représentent plus de 70% du trafic, avec 20% pour les particuliers et environ 6% pour les bateaux transportant des passagers. En 1974, la pente d’eau de Montech est mise en service, et les écluses sont rallongées et automatisées, facilitant ainsi la navigation. Mais en 1990, c’est l’abandon définitif de modernisation du canal.

Aujourd’hui, la fréquentation de plaisance est en moyenne de 1200 bateaux par année, avec des pointes à 2000 sur le secteur Montech – Mas d’Agenais. Plus tranquille que le canal du Midi avec ses 5 000 à 7 000 passages, le canal de Garonne possède de nombreux atouts pour inciter les touristes à venir le naviguer ou le découvrir tout simplement à pied ou en vélo à l’ombre de ses arbres.

Mais La navigation n’est pas la seule fonction du canal de la Garonne. L’eau sert aussi à irriguer les terres agricoles, riches en productions fruitières et maraîchères. Le canal est également utilisé pour la production d’électricité grâce à des microcentrales aménagées en bordure de certaines écluses. L’exploitation du canal de la Garonne assure aussi une gestion rigoureuse des ressources de l’eau tout en permettant d’en garantir les différents usages.

4 réflexions sur « Le canal de la Garonne à Agen »
Bonjour,
Il y a une photo de Castelnaudary: bord du canal en 1912.
Sur la photo lavandières au pont de Courpian en 1908 on voit l’arrière d’un bateau.
Je crois lire ALFRED matricule BX34 est-ce bien cela?
Bonne journée.
Bonjour
Sur la péniche il y a écrit Alfred 346 F A GAYET.
Pour la photo bord du canal 1912 j’ ai récupéré tout une série de plaque de verre sur Agen datant du début 1900 et cela ressemble étrangement à une vue sur le canal en direction de Bon Encontre. Le seul doute que j’avais était sur le pont en arrière plan. Pouvez vous confirmer avec des documents d’époque parce que j’ai des plaques non identifiées.
Merci et bonne journée
Merci pour votre réponse, c’est bien l’Alfred que j’ai bien connu quand je naviguais sur les eaux du canal.
Évidemment il avait été modernisé et surtout motorisé.
Je ne sais pas trouver votre adresse mail.
Merci de m’écrire en message privé.
Bonjour,
Longueur des bateaux: le carnet de jaugeage de l’ALFRED indique 28.70m de long pour 5.41m de large.