
La cathédrale Saint-Caprais d’Agen
Patrick Clermont Commentaires 0 Commentaire
La cathédrale Saint-Caprais d’Agen actuelle, édifiée au XIIe siècle, est le siège du diocèse d’Agen.
La cathédrale Saint-Caprais d’Agen classée Monument historique en 1862 et inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO est située sur une des routes du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.
La cathédrale actuelle d’Agen, a été construite sur l’emplacement d’une ancienne Basilique épiscopale par l’Evêque d’Agen Saint Dulcide au VI e siècle sur le tombeau du jeune Martyr Saint Caprais. Son existence a été révélée par un récit de Grégoire de Tours dans « l’histoire ecclésiastique des Francs ».
« Didier, duc de Toulouse et d’Aquitaine, un des généraux de Chilpéric Ier, met l’armée en marche, force à la fuite le duc Renaud, envahi Périgueux, exige le serment de fidélité et se dirige sur Agen. L’épouse de Renaud, apprenant que son mari a été mis en fuite et que cette seconde ville va tomber au pouvoir de Chilpéric, se réfugie dans la basilique du saint martyr Caprais. Mais arrachée de là, puis dépouillée de ses richesses et de ses serviteurs, elle fut envoyée à Toulouse.
Rasée par les Normands en 853, cette église se releva de ses ruines et est restaurée en 961.De cette église il ne reste rien.
A la fin du XIe siècle ou au début, du XIIe, Il est décidé de construire sur le même emplacement une nouvelle église que l’on veut grandiose. L’église de Saint Caprais est une collégiale prioritairement au service des chanoines qui remplit les fonctions paroissiales. Ces Chanoines vivaient dans un « monastorium » qui comportait, outre les locaux d’habitation et les annexes, un Cloître et une salle Capitulaire, qui seule subsiste aujourd’hui.


Le chœur, ses chapelles, le transept, ses croisillons, et les fondements de la nef sont bien de cette époque. Nous croyons cependant que à la fin XIIe siècle seul le chœur et le transept furent terminées.
La fin du XIIe siècle et le début du XIIIe furent pour Agen une époque troublée. Les albigeois qui pullulaient dans le pays s’emparèrent plusieurs fois de la ville, tandis que les croisés à leur tour s’en rendirent maîtres.Tout cela ne se fit pas sans dommage pour les monuments religieux, car Saint-Caprais est extra muros et y restera jusqu’à la fin du XIIIe siècle.
C’est probablement à la suite de tous ces évènements que la calotte de la coupole du carré du transept s’écroule. En effet cette coupole a fort bien existé car les pendentifs sont encore en place, au-dessus de la voûte actuelle. Remarquons que les bases des colonnes de toute cette partie de l’édifice, sont semblables, alors qu’elles sont différentes dans la nef.
En même temps que la coupole, les voûtes en berceau des croisillons ont du s’effondrer, mutilant au nord la corniche à têtes de clous qui fait suite à celle du chœur, et les chapiteaux du gros pilier carré de la chaire. Il a fallu refaire la corniche.
Tout est reconstruit au XIIIe siècle et la consécration du maître-autel a lieu le 16 aout 1279, par Simon, archevêque de Bordeaux.
Le 30 novembre 1312, l’évêque Nicolas consacre quatre autels pour les chapelles de la collégiale. La nef est construite dans la première moitié du XIVe siècle. Le XIV et le XVe siècle sont pour Agen et l’agenais une succession de guerres, pillages, incendies, pestes et famines. Toutes les églises en ont beaucoup souffert.
En 1376, l’évêque d’Agen adresse au pape une lettre où il dit que certains avaient profité des guerres incessantes pour persécuter le clergé pour s’emparer des églises, monastères, hospices, pour les détruire, les brûler et emporter les livres et les vases sacrés. Il demandait contre eux l’excommunication, et l’interdit pour les lieux qu’ils occupaient.
Cinquante ans plus tard le chanoine prieur de Saint-Caprais dresse un tableau sombre de son prieuré. Les guerres et les désordres ont endommagé les bâtiments, à tel point, que l’église est menacée de ruine.
Pendant cette longue période troublée la nef souffre. Le calme et la paix revenus, on songe à la réparer. C’est alors que les deux travées de la nef furent rebâties en conservant encore des restes du XIVe siècle. Sous l’épiscopat du Cardinal de la Rovère et le priorat de Jean de Durfort, dont les armoiries se voient sur piliers et les arcs des voûtes, le travail fut terminé. Une inscription de la clef de voûte de la deuxième travée, nous apprend que ce fut en l’an 1508.
En 1551, Jean de Valier, lors de sa visite, trouve le cloître et le clocher en très mauvais état. Les Chanoines refusent de faire les réparations faute de ressources.
Au mois de Décembre 1561, l’église Saint-Caprais est saccagée par les huguenots, qui détruisent les autels, statues, reliquaires, archives et orgues, et allument un grand feu dans l’église.
Pendant la Révolution, l’église Saint-Caprais perd ses vases sacrés, ses cloches, ses ornements et tout son mobilier. En 1791, elle est fermée et devient un magasin à fourrages.
Rendu au culte, le 14 août 1796 par l’évêque constitutionnel Constant, membre de l’Église constitutionnelle entre 1790 et 1801 car ayant à ce titre prêté l’un des serments exigés. Il devient titulaire du diocèses créé par la Constitution civile du clergé. En 1802 L’église reçoit le premier Evêque concordataire Monseigneur Jacoupy (le concordat de 1801 est un traité qui règle les rapports de l’état français et de l’église catholique; Les Evêques choisis par le gouvernement Français reçoivent leur investiture du Pape).

Enfin le 20 octobre 1803 elle prend le titre de Cathédrale Saint Caprais remplaçant ainsi la cathédrale saint Etienne en ruines. Malgré tout, elle reste en très mauvais état. En 1816, des réparations urgentes sont faites. Durant le carême de 1815, un fragment de pierre s’étant détaché de la voûte vers le fond de l’église et blesse une femme dans sa chute. Les fidèles sont effrayés et craignent que l’édifice ne s’effondre. Les offices sont abandonnés car l’état du bâtiment présente quelque danger. La chute de cette pierre fournit l’occasion de commencer une restauration complète. Le murs de l’abside furent repris en sous-œuvre, les fenêtres du chœur rétablies dans leur vrai style, la façade du transept du côté sud rebâtie depuis les fondations, les charpentes de la croisée, du chœur et des chapelles, refaites à neuf. La cathédrale est entourée à l’extérieur d’un mur d’enceinte surmonté d’une grille en fer. Un clocher neuf est bâti, à partir de 184O. Puis on s’occupe du mobilier et du chœur de 1850 à 1859.


Enfin Monseigneur de Vésins fait exécuter les peintures du chœur du transept par Bézard, ancien élève de l’école de Rome et membre de l’Institut. l’orgue principal qui a figuré à l’Exposition Universelle de 1855 est offert par l’impératrice Eugénie en 1856.

En 1862 La cathédrale est inscrite à l’inventaire des monuments historiques. En 1867, à la suite d’un violent orage l’orgue est réparé puis restauré en 1922 puis en 1954 et 2004. L’Orgue de chœur fabriqué par Jules Magen en 1885 a été restauré en 1930 et rénové en 2002.
A partir de 1998, l’État Propriétaire du bâtiment, engage une campagne de travaux de restauration. Après la réfection de l’électricité et de l’éclairage, en 1999, succède de 2001 à 2003 celle des toitures et des façades du chevet , puis de l’intérieur de l’édifice de 2002 à 2004. Depuis 1998, elle fait partie du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.


















La Cathédrale Saint Caprais d’ Agen est l’œuvre de plusieurs siècles Qui malgré ses différentes rénovations a conservé sont plan initial du XIIe siècle. Le plan général, le chœur, le carré du transept et les croisillons du rez-de-chaussée sont du XII siècle. Les voûtes du carré du transept, le triforium du XIIIe siècle. La nef, les murs supérieurs, les colonnes et les voûtes du XIV et XVIe siècles, les portails du XIVe siècle et le Clocher du XIXe siècle. Cette succession d’époques et de styles donne à cet édifice une allure particulière qui, s’il manque d’unité, ne manque pas de charme.
Malgré la diversité de ses éléments, la Cathédrale Saint Caprais d’Agen affiche une impression de Solennité et de majesté. Agen peut être fier de sa Cathédrale.